Aujourd’hui : récitations en classe de CM2 !
– Maurice Carême, 1899 - 1978
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Mon voilier
Il est de neige, mon voilier
Vogue, vogue, mon joli rêve
Il est de neige, mon voilier
Parmis les oiseaux en allés
Vous le verrez si vous rêvez
Vogue, vogue, joli voilier
Vous le verrez si vous rêvez
La tête au chaud sur l’oreiller
Au ciel, vous le verrez passer
Vogue, vogue, rêve étoilé
Au ciel, vous le verrez passer
Avec la lune à son hunier
– Pascal Bonetti, 1920
Le volontaire étranger
Le monde entier disait : la France est en danger ;
Les barbares demain, camperont dans ses plaines.
Alors, cet homme que nous nommions « l’étranger »
Issu des monts latins ou des rives hellènes
Ou des bords d’outre-mer, s’étant pris à songer
Au sort qui menaçait les libertés humaines,
Vint à nous, et, s’offrant d’un cœur libre et léger,
Dans nos rangs s’élança sur les hordes germaines.
Quatre ans, il a peiné, saigné, souffert.
Et puis un soir, il est tombé dans cet enfer...
Qui sait si l’inconnu qui dort sous l’arche immense,
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé
N’est pas cet étranger devenu fils de France
Non par le sang reçu mais par le sang versé ?
Extraits de « Légion notre mère, anthologie de la poésie légionnaire 1885-2000 », Éditions Italiques, ministère de la Défense
– Clément Marot, 1496 - 1544
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Portrait présumé
par Corneille
Musée du Louvre
Epigramme
Riche ne suis , certes , je le confesse ,
Bien né pourtant et nourri 1noblement ;
Mais je suis lu du peuple et gentillesse 2
Par tout le monde , et 3 dit on :" C’est Clément."
Maint vivront peu , moi éternellement ;
Et toi tu as prés , fontaines et puits,
Bois , champs , châteaux , rentes et gros appuits 4.
C’est de nous deux la différence et l’ètre 5.
Mais tu ne peux être ce que je suis ;
Ce que tu es, un chacun le peut être .
Nota : Une épigramme est un poême d’un petit nombre de vers de ton satyrique et terminé en général par un trait
piquant.
1. Elevé
2. Noblesse
3. Par conséquent
4. Ressources
5. la qualité essentielle
– Joachim DU BELLAY (1522-1560)
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.
– Pierre de RONSARD
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– Paul Verlaine (1844-1896)
Il pleut doucement sur la ville.
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits ?
Pour un coeur qui s’ennuie,
O le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Quoi ? nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine ?